Mes seules armes...
Je n’ai plus que mes souvenirs. Ce sont mes seules armes. Il me faut garder la mémoire pour tenir, pour continuer, pour rester droit, pour ne pas tomber. Il nous faut tous garder la mémoire pendant que la mondialisation s’acharne à détruire, pan par pan, arts, cultures, savoirs, sagesses, paysages, modes de vie, expériences humaines … pour y substituer un simple mais universel télé-achat. Avec un but non avoué mais détectable : nous atomiser par milliards devant des écrans.
Dans les ténèbres de ce monde où sévissent toujours un peu plus ce mortel nihilisme du temps réel, du flux tendu, du zéro faute, du risque zéro, de la télé réalité, de la vie des vrais gens, du live et la brutalité fascisante des pouvoirs et mafias dont dépend notre petite vie et – pire – plus que notre vie, moins que notre vie, notre survie, à nous, les exilés de l’intérieur, les perdants, les marginalisés, les paupérisés, les envoyés, les compressés, les dégraissés, garder la mémoire devient un besoin vital, notre seul moyen de résistance, notre unique façon de résister.
En disciple inconscient de Goebbels, Séguéla, le publicitaire opportuniste et « grand retourneur » de veste, proclame froidement : « Je hais la mémoire. »
Benetton propose de nous faire oublier notre histoire et Sarkozy de rayer mai 68 de l’Histoire de France.
A la violence qu’ils veulent nous imposer, il nous faut opposer la douceur de nos souvenirs. Et se répéter jusqu’à notre dernier souffle que, non, notre avenir n’est pas dans ce désir insatiable de mondialisation que cultivent ces militants sans foi ni loi de la servitude volontaire.