Dans sa chambre
Elle regarde le parc. Ses yeux cherchent le saule pleureur. Son corps tout entier se tend vers les sensations dont il garde l'indélébile trace enfermée dans son secret. Une quête inconnue qu'elle ose entreprendre mais qui l'effraie. Une angoisse l'envahit, oppressante, sournoise, obsédante. Tout son être est touché. Son cocon ne la protège plus. Sa cuirasse d'indifférence est inefficace, inutile. L'apaisement, que tous les soirs elle venait chercher et qu'elle trouvait dans la solitude de sa chambre, ne vient pas. Elle se sent fébrile, anxieuse. La rue, le parc, la vie extérieure l'agressent parce qu'inaccessibles. La chambre est devenue une vraie cage dans laquelle elle est une oiselle avide d'espace.
Le téléphone, posé sur le chevet d'un lit qui nargue sa solitude, l'attire. Deux fois, elle tend la main vers ce cordon ombilical qui la relie à la vie mais, à l'ultime seconde, elle renonce. Comme l'oisillon trop faible refuse de se lancer dans un vol libérateur, elle a peur. Peur de son secret. Elle veut s'en éloigner. Elle le fait. Artificiellement, en choisissant le somnifère.