SOUVENIRS : MON GRAND PERE ET LE TABAC

Publié le par paul a. cuenca


Les Disque Bleu filtre. Le paquet était blanc, avec un casque gaulois entouré d'un cercle azur. Ce que j'ai pu aller lui en acheter. Je me demande comment mon grand père, qui fumait tellement, n'avait pas les doigts jaunis de nicotine. Peut-être qu'il se lavait les mains toutes les deux minutes ...
Pour arrêter, il a tout essayé. Les pastill
es, les chewing-gums. L'acupuncture. Le fil dans l'oreille. Il a fini par renoncer. Tous ces efforts pour rien. Seule la marque avait changé : Peter Stuyvesant Light...
...
Je la reconnaissais entre toutes. C'était une sorte de morse à usage intime. Sa toux commençait par un grognement sourd, un galop d'essai. Venaient ensuite, saccadées, des quintes sèches, brèves, rauques, qui s'éteignaient petit à petit. Ça le prenait en montant les marches. Il y avait aussi la brave toux, qui passe comme un éternuement, qui coulait de source. IL y avait la vicieuse, la durable, celle qui pliait le corps en deux, teintait le visage d'écarlate, gonflait puis creusait les joues. Celle-ci évoquait plus ou moins l'étouffement. Elle avait un sale bruit. Un bruit de saloperie. Elle me faisait peur. Elle faisait peur à mes parents.
Mon grand père avait la gorge labourée de tabac. Tout le monde lui prédisait un infarctus. Trop de boulot. Trop de tabac. Pas d'exercice. La seule gymnastique qu'il pratiquait consistait à lever le bras pour héler un taxi ...
...

- Merde !
Mon grand père a laissé tomber sa cigarette. Comme il était en train de conduire, la voiture zigzague dangereusement sur la chaussée.
- Merde, merde, merde.
Il se penche, tient le volant d'une seule main.
- Aide-moi, me dit-il.
- Mais je t'aide !
La cigarette a roulé sous le siège. Mon grand père a le pantalon souillé de poudre grise, il finit par garer la voiture, descend, s'accroupit, fouille dessous. La voilà. Elle est tordue, éteinte. Ça sent le brûlé.
- Merde ! Une dernière fois. Pour la route en quelque sorte ...
Il remonte dans sa DS 21, démarre, klaxonne et double un plouc qui n'avance pas. Il ouvre la boîte à gants. Sans un mot, il allume une autre cigarette...
...
Bien plus tard, mon grand père qui n'arrêta jamais de fumer, s'éteignit tranquillement dans son lit, après une dernière toux mémorable ...

Publié dans littérature

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L
La cigarette... je connais bien le sujet... Je fume !Et mon problème n'est pas de réussir à arrêter de fumer, mais de réussir à avoir envie d'arrêter...!J'ai des amis toubibs, des morts du cancer du poumon dans ma familles, j'ai assisté à des réunions sur le tabac, pour faire plaisir à ma mère, et tant d'autres éléments qui témoignent du dander de cette salopperie... Mais, ma petite clope, bein, je n'arrive pas à m'en détacher, je n'ai pas envie de m'en détacher...Et je ne serai pas du genre à faire un procès à ma marque de ciagarette le jour où le crabe me fera un sale coup, j'assume, car je suis tout à fait consciente de ce que je fais...!C'est pas bien de fumer, me dit-on... bein oui, mais si j'aime ça, c'est mon problème...!Il avait l'air rigolo ton grand-père, je me serais bien entendue avec lui.Douce nuitBisous
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W
jt" mi un bo + 5 pr ton blog alors fai de mm avc une petite trace de ton passage avc un com :)
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M
mon papa, lui, il a commencé à fumé à l'armée<br /> comme il était militaire<br /> il avait droit a son super paquetage avec ses clopes dedans<br /> il en est mort à 62 ans de cette saloperie<br /> bisous et merci à l'armée poour avoir entretenu son cancer
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N
+ 5 du jour
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A
voici le +5 du jour bisous
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