Il me reste ...

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Comment cela a commencé ? A quel moment ? A quel moment , ce compte à rebours, ce sentiment tragique d'une échéance ... D'une déchéance annoncée ... Savoir que, d'échec en échec, de refus en refus, de galére en galére, ayant descendu toutes les marches, je serai sous peu à la porte, à la rue, d'où on ne peut plus remonter la pente. Je le sais. Il n'y aura pas de miracle. D'ailleurs je ne crois pas aux miracles. Il me reste encore quelques semaines, quelques mois, au plus, pour l'écrire, pour essayer de décrire ce processus... Il me reste aussi : une table, une lampe, un écran, un clavier, du papier, des feutres, de la mémoire vive, 15,8 GO sur le disque dur ... Le saisir en somme, avant que je ne sois saisi. Avant que je n'aie d'autre choix que d'enjamber le balcon quand l'huissier sonnera ou d'aller rejoindre à mon tour la masse des sans-abri et sans-emploi.
Là, le souvenir des deux clodos du coin de la rue auxquels j'ai fait don il y a quelques mois de pulls et de pantalons que je ne portais plus, et que j'ai surnommés, ils n'ont jamais voulu me dire leurs noms, Poivre et Sel. Ou encore, L'Innommable, ce sans-papiers muet a qui j'ai donné, cet hiver, insoucieux que j'étais encore du lendemain, le beau sac de couchage rouge garni de duvet d'oie dedans lequel j'avais bivouaqué autrefois au flanc du Vicdessos.
Insouciance, ou deni de ce qui me pend au nez et que j'entrevoyais déjà : je finirai moi aussi sous un pont, dans des cartons, et je serai content d'avoir alors un duvet - ruse, exorcisme, volonté inconsciente de conjurer le sort ?
L'Innommable, géant nègre décharné, avait tout du sorcier.
Etait-ce déjà un signe ?

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M
bon, je vois que tu plaisantes mon ami : mais tu sais , la charente est un coin sympa(meme si ce n'est pas ma région préférée)il y aura toujours un grenier à foin pour toi, mes brebis et agneaux pour te réchauffer(bon, faudra donner un coup de fourche), l'eau de la rivière pour te laver, un peu de raisin à manger(d'aout à fin octobre, après ce sera des nèfles), ou bien si tu préfère(celà sera plus simple) tu te mettras à table avec nous , et nous trouverons bien une paillase au coin du feu(tu as le choix :poele à bois,(cuisine) cheminée énorme(salon)  et chaudière mazout pour les 6 chambres(non, je ne fais pas la bourge, c'est juste une bonne vieille maison charentaise où il fait bon vivre avec plein de courrants d'air)après il te restera  200 m carrés de combles pour y mettre ta machine, ton pupitre,  ta lampe, tes feutres et LA, JE T ASSURE QUE LA HAUT, IL N Y A PAS DE CHAUFFAGE ET L ETE TU MEURS DE CHAUDjuste pour te dire que tu seras toujour le bienvenu en cas de coup dur
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M
Non non, ça arrive pas qu'a toi... lol Les gens de la rue deviennent seulement plus visible. Il faut garder l'espoir, toujours.
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D
olivier,excuse moi,mais ça m'a fait rire le    Denis le...manque la date..ceci dit,tu me rassures aussi,paul...
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O
ah bon, tu me rassures!
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T
Mes amis !!! Une supplique : ne prenez pas tout au 1er degré sinon je vais en crever ...Pour vous faire sourire, je viens d'inventer ce proverbe qui devrait faire date :Mieux vaut être triste dans ses écrits et joyeux dans sa vie ... que le contraire ...A bientôt
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